Modifier la lumière du soleil pour sauver le climat ?
À mesure que les COP s’enchaînent sans que les émissions mondiales ne décroissent réellement, un glissement préoccupant s’opère : faute de réduire nos consommations d’énergies fossiles, certains États misent toujours plus sur les technologies de géo-ingénierie. La COP 30, qui se tient actuellement à Belém au Brésil, n’y échappe pas. Parmi ces pistes controversées, une revient en boucle : le SRM, pour Solar Radiation Modification, littéralement la modification du rayonnement solaire.L’idée paraît simple : renvoyer une petite partie des rayons solaires vers l’espace afin de refroidir artificiellement la planète. Aujourd’hui, la Terre réfléchit environ 30 % de la lumière qu’elle reçoit. En augmentant ce pourcentage, la température globale baisserait mécaniquement. Plusieurs techniques sont envisagées : éclaircir les nuages marins en y pulvérisant de fines gouttelettes d’eau salée, ou injecter des aérosols dans la stratosphère pour former une sorte de voile réfléchissant. Une géo-ingénierie solaire qui, sur le papier, semble moins risquée que d’autres formes d’intervention climatique. Sauf que. Un rapport de la Royal Society, publié ce mois-ci, vient doucher ces espoirs. Et les conclusions sont sévères. D’abord, les aérosols utilisés pour réfléchir la lumière ont une durée de vie très courte dans l’atmosphère. Pour maintenir leur effet, il faudrait un réapprovisionnement permanent, pendant des décennies. Et si, pour une raison politique ou économique, l’opération s’arrêtait ? Le climat reviendrait à son état initial en une à deux décennies, avec un rattrapage brutal des températures. Autre inquiétude : les effets seraient très variables selon les régions. La Royal Society avertit que le SRM pourrait aggraver certains dérèglements, notamment les régimes de précipitations, sans que l’on sache aujourd’hui quelles zones seraient touchées. Et surtout, cette technique ne règle aucune cause du réchauffement : l’acidification des océans, elle, continuerait.Faut-il tout abandonner pour autant ? Pas totalement. Le rapport reconnaît que le SRM pourrait, ponctuellement, atténuer certaines extrêmes météorologiques, limiter les vagues de chaleur ou réduire les risques d’incendies. Mais la conclusion est sans ambiguïté : la modification du rayonnement solaire ne peut être qu’un complément, jamais une solution centrale. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.