La Chine produit de l’énergie grâce au CO2 ?
Et si le dioxyde de carbone, symbole du réchauffement climatique, devenait… un outil de production d’électricité ? C’est le pari que vient de concrétiser la China National Nuclear Corporation, en Chine, en raccordant au réseau le tout premier générateur électrique au monde fonctionnant grâce au CO₂ supercritique. Derrière ce terme technique se cache un état très particulier de la matière. Sous une pression et une température extrêmes, le CO₂ ne se comporte plus ni comme un gaz, ni comme un liquide, mais comme un fluide dense, capable à la fois de circuler facilement et de transporter efficacement la chaleur. Un fluide bien plus performant que la vapeur d’eau utilisée dans les centrales classiques.Le principe est simple : la chaleur fait tourner une turbine, qui produit de l’électricité. Mais avec le CO₂ supercritique, le rendement serait presque doublé, tandis que les installations deviennent plus compactes, plus sobres en matériaux et, surtout, sans émissions directes de gaz à effet de serre. Cette première mondiale a été réalisée dans une aciérie de Liupanshui, dans la province de Guizhou. La chaleur utilisée ne provient pas d’un combustible, mais des rejets thermiques de la production d’acier, habituellement perdus dans l’atmosphère. Le dispositif comprend deux unités de 15 mégawatts chacune. Et contrairement à ce que l’on pourrait croire, il ne s’agit pas de captage du CO₂ atmosphérique : le gaz est fourni par l’industrie, mis en circuit fermé, et n’est ni brûlé ni consommé.L’idée, pourtant, ne date pas d’hier. Dès la fin des années 1960, des ingénieurs italiens et américains imaginaient déjà des cycles thermodynamiques fondés sur ce fluide. Mais pendant des décennies, la technologie est restée bloquée par des limites très concrètes : matériaux incapables de résister, turbines inadaptées, coûts trop élevés. La recherche relance le concept dans les années 2000, avec l’essor des énergies propres… sans parvenir à dépasser l’expérimentation. Avec cette installation désormais reliée au réseau, Chine franchit un cap décisif. L’utilisation industrielle du CO₂ supercritique devient une réalité. Et les perspectives sont immenses : centrales nucléaires de nouvelle génération, unités énergétiques mobiles, voire applications spatiales. Reste maintenant la dernière étape, la plus délicate : passer de la démonstration technologique à l’industrialisation à grande échelle. Si elle réussit, ce fluide longtemps considéré comme une curiosité de laboratoire pourrait bien devenir un acteur clé de l’énergie de demain. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.