Les scientifiques inquiets de la cohabitation éoliennes / volcans ?
Et si les éruptions volcaniques avaient un impact direct sur notre production d’énergie éolienne ? Une étude récente, publiée en janvier dans la revue The Innovation, met en lumière un phénomène méconnu : l’influence des aérosols volcaniques sur le vent de surface, ce vent qui circule entre zéro et dix mètres au-dessus du sol et dont dépendent les éoliennes. Ce vent de surface, dont la vitesse est scrutée de près par les chercheurs et les énergéticiens, est essentiel au fonctionnement des éoliennes. Lorsque ce vent faiblit, les pales cessent de tourner et la production d’électricité chute. Or, parmi les nombreux facteurs influençant cette vitesse, la présence d’aérosols dans l’atmosphère joue un rôle majeur. Ces fines particules dispersent le rayonnement solaire, modifiant ainsi le bilan radiatif de la Terre et, par extension, le climat et la circulation des vents. C’est là qu’interviennent les éruptions volcaniques. Ces événements spectaculaires projettent dans la stratosphère d’énormes quantités de dioxyde de soufre, qui se transforment en aérosols sulfatés capables de perturber le climat pendant plusieurs années.Pour mieux comprendre cet impact, une équipe de chercheurs suédois et chinois a utilisé des modèles informatiques pour simuler l’effet des plus grandes éruptions volcaniques tropicales des derniers siècles. Résultat : l’éruption du volcan Tambora en 1815 aurait réduit de 9,2 % la densité de puissance éolienne mondiale dans les deux années qui ont suivi. Les implications sont loin d’être anecdotiques. Comme le souligne l’étude, une baisse prolongée de la vitesse du vent pourrait entraîner des crises énergétiques, notamment pour les pays misant massivement sur l’éolien.Au-delà des volcans, cette étude soulève aussi des questions sur une technologie controversée : la géoingénierie solaire. Cette technique, qui consiste à pulvériser du dioxyde de soufre dans la stratosphère pour refroidir la planète, imiterait artificiellement l’effet des éruptions volcaniques. Son objectif : lutter contre le réchauffement climatique en augmentant la réflexion des rayons solaires vers l’espace. Mais cette solution pourrait affaiblir les vents et réduire la production d’électricité éolienne. Un risque d’autant plus préoccupant que l’éolien représentait 8 % de la production électrique mondiale en 2023, selon l’Agence internationale de l’énergie.Au-delà des impacts climatiques et énergétiques, la géoingénierie solaire pose aussi une question politique. Marine de Guglielmo Weber, ancienne chercheuse à l’Institut de relations internationales et stratégiques (IRIS), rappelait en 2023 que le déploiement unilatéral de cette technologie par un pays ou une entreprise pourrait engendrer des tensions internationales. L’atmosphère, bien commun de l’humanité, pourrait-elle devenir un nouvel enjeu de conflit entre États ? Face à ces enjeux, la communauté scientifique appelle à un débat mondial sur les risques et bénéfices de la géoingénierie, alors que le changement climatique continue de bouleverser nos équilibres énergétiques. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.