L’Europe à la traine sur les questions d’environnement ?
Les chiffres sont sans appel. Selon l’Agence européenne pour l’environnement, plus de 60 % des espèces et 80 % des habitats naturels du continent sont déjà dégradés. L’eau devient plus rare, les sols s’appauvrissent, et le réchauffement climatique – deux fois plus rapide en Europe que dans le reste du monde – accentue cette vulnérabilité. En 2022, plus de 70 000 décès ont été liés aux vagues de chaleur, tandis que les inondations, de plus en plus fréquentes, menacent directement 12 % de la population européenne, ainsi que 15 % des sites industriels.Entre 1980 et 2023, les phénomènes météorologiques extrêmes ont coûté 738 milliards d’euros à l’économie européenne. Rien que sur les trois dernières années, 162 milliards se sont envolés en pertes, souvent non couvertes par les assurances. Pourtant, le continent n’est pas resté immobile. Depuis 1990, les émissions de CO₂ ont baissé de 37 %, et le Pacte vert vise désormais –55 % d’ici 2030. L’électricité se décarbone, les renouvelables progressent – elles comptent désormais pour un quart de la consommation –, et les émissions du secteur énergétique ont été divisées par deux. Mais le tableau n’est pas tout rose. Les transports et l’agriculture stagnent, avec des réductions d’émissions limitées à 6 et 7 %. Les mobilisations agricoles récentes ont même conduit Bruxelles à assouplir plusieurs mesures environnementales, pendant que les dirigeants évitent soigneusement de rallumer la colère des automobilistes.Surtout, la conjoncture politique détourne l’attention : guerre en Ukraine, tensions économiques, montée des extrêmes droites, autant de priorités qui relèguent le climat au second plan. Plusieurs piliers du Pacte vert sont déjà fragilisés – report de la loi contre la déforestation, recul sur la fin du moteur thermique en 2035, affaiblissement du devoir de vigilance des entreprises. À l’approche de la COP30, l’Union européenne n’a toujours pas fixé de cap clair pour 2040. Ursula von der Leyen assure vouloir “maintenir le cap”, mais l’AEE prévient : sans sursaut politique, la crise écologique deviendra aussi économique et sociale. La question, désormais, n’est plus de savoir si l’Europe paiera le prix de son inaction, mais quand. Hébergé par Acast. Visitez acast.com/privacy pour plus d'informations.