Powered by RND
PodcastsReportage international

Reportage international

Reportage international
Latest episode

Available Episodes

5 of 230
  • Fermeture de l'usine Nissan à Oppama: «Jamais la ville ne s'en remettra»
    Au Japon, des négociations sociales très difficiles et donc probablement tendues sont sur le point de débuter chez Nissan. Le constructeur automobile, en grandes difficultés, a annoncé un plan de restructuration d'une ampleur sans précédent depuis plus d'un quart de siècle : depuis qu'en 1999, Carlos Ghosn l'avait sauvé de la faillite en licenciant 21 000 salariés. Cette fois, ce sont 20 000 emplois qui vont être supprimés, soit 15% des effectifs du groupe. Qui va aussi fermer sept de ses dix-sept usines dans l'archipel. De notre correspondant de retour d’Oppama, Oppama, à une cinquantaine de kilomètres de la capitale. Cette localité de 30 000 habitants est surnommée « Nissan no machi » (« La ville Nissan ») car, depuis 1961, elle héberge une des plus grandes usines du groupe. Pendant des décennies, ses 2 400 salariés ont produit ici des véhicules aussi emblématiques que la Leaf, la première voiture 100% électrique qui fut commercialisée dans le monde. Mais Nissan va quitter Oppama et, au Japon, ce tournant est comparé aux restructurations qui touchèrent jadis les usines Renault de Flins, dans les Yvelines, et de Vilvorde, en Belgique, des séismes sociaux à l'époque. Ces salariés sont sous le choc :   - « Quand la décision a été rendue publique, cela a été un immense coup de massue. On était tous complètement abasourdis. KO, pour ainsi dire. », explique un employé choqué par la nouvelle.- « Oppama, c'était vraiment l'usine emblématique du groupe. La fermer et prier un si grand nombre de salariés de déguerpir… c'est un tremblement de terre pour nous ».- « Le devoir n°1 de Nissan, c'est de nous rassurer. Que va-t-on devenir ? Comment va-t-on gagner notre vie ? » À Oppama, c'est la consternation générale. Un habitant sur dix travaille chez Nissan. Et le constructeur n'a pas encore présenté le moindre plan de reconversion précis de l'immense site qu'il occupe : grand comme 200 terrains de football.  Or, si les lieux deviennent un désert industriel, ce sera le coup de grâce pour l'économie locale, selon ces commerçants, qui sont extrêmement inquiets :- « Jamais la ville Nissan ne se remettra de cette fermeture. C'est la mort annoncée pour notre petite cité. »- «  20 à 30% de mes clients, ce sont des employés de Nissan. Si le groupe ne revient pas sur sa décision, je risque de devoir mettre la clé sous la porte comme beaucoup de commerçants. » - « Tous les midis, pendant la pause déjeuner, les salariés de Nissan font la queue devant ma boutique pour acheter un bento : un plateau-repas préparé. Déjà, c'était dur pour nous, les petits commerçants, avec l'envol du prix du riz et des produits alimentaires. Mais là, avec cette fermeture à venir, c'est la double peine. Le scénario du pire, même, pour nous, en fait. » Il n'y a pas la moindre chance que ce plan social soit adouci. Car le constructeur automobile est dans le rouge comme jamais. Il prévoit pour cette année une perte d'exploitation d'1,5 milliard d'euros. L'action Nissan a chuté de plus de 25% depuis janvier. Et les derniers chiffres de vente semestriels du groupe dans l'archipel sont historiquement mauvais : en chute de 17%. Une telle contre-performance, c'est sans précédent depuis trente ans.
    --------  
  • Affaire de l’incendie d’un Ikea en Lituanie attribué à la Russie: un verdict qui fera date
    C’est ce lundi 24 novembre 2025 qu’une cour de justice de Vilnius rendra son verdict dans l’affaire de l’incendie en 2024 d’un magasin Ikea. Un incendie attribué au renseignement militaire russe. De notre correspondante à Vilnius, La dernière audience avant de mettre le jugement en délibéré a été rapide. Le jeune Ukrainien est sorti la tête baissée. Mineur au moment des faits, il a déposé un mécanisme qui a pris feu le 9 mai 2024. Il a été arrêté quelques jours plus tard dans le bus pour Riga, en Lettonie, où il devait commettre le même forfait. Pour son avocate Renata Janusyte, « il regrette d’avoir agi à la légère. Pour cela, on lui a promis une voiture et 10 000 euros, il a indiqué qui l’avait contacté pour cela et qui avait fait les transferts d’argent. » Ce procès a été une mine de renseignements pour comprendre la réalité d’un sabotage. Vilmantas Vitkauskas est à la tête du centre national de gestion des crises. Il se souvient de ce jour-là. « Nous avions été prévenus que de telles actions pouvaient avoir lieu en Lituanie. Chaque incendie, incident qui se produit n’est jamais considéré comme banal. L’incendie du magasin Ikea n’est pas le premier cas de sabotage, mais auparavant jamais un bâtiment accueillant du public et pouvant causer des victimes n’avait été visé. » Le sabotage est la nouvelle réalité. La justice lituanienne enquête sur l’autodestruction de colis partis depuis Vilnius vers un entrepôt en Allemagne, et sur la tentative d’incendie d’une société soutenant l’Ukraine. Giedrius Krupkauskas travaille pour les services de sécurité de l’État. Il a décrit les méthodes russes lors d’une conférence : « Toutes ces opérations sont commanditées par le pouvoir politique. La confrontation avec l’Ouest se déroule pour la Russie dans une sorte d’entre-deux, entre guerre et paix. Avec cet état d’esprit, les sabotages sont considérés comme légitimes. Un outil de guerre contre de sociétés européennes en paix. » Le but : faire vaciller le soutien occidental à l'Ukraine. Comment prévenir le passage à l’acte de personnes souvent recrutées via les réseaux sociaux ? Le chercheur Marek Kohv de l’ICDS, un centre de recherche sur la défense en Estonie, a quelques pistes. « Il est très important que les peines prononcées soient très claires, ça peut être dissuasif. Les gens reçoivent peu d’argent pour ces actions. S’il s’avère que pour gagner 500 ou 1000 euros, il est possible de risquer 10 ans de prison, cela va faire réfléchir. » Le verdict prononcé à l’égard du jeune homme accusé de crime en bande organisée et d’acte terroriste fera date dans l’histoire judiciaire lituanienne.
    --------  
  • Syrie: le désespoir des femmes jihadistes qui ont quitté Al-Hol, «C’est pire que dans le camp»
    Comment réintégrer, dans une Syrie toujours minée par les conflits, les familles soupçonnées d’accointances avec Daech, et recluses dans le camp d’Al-Hol depuis la défaite l’organisation terroriste, en 2019 ? Malgré les efforts des autorités kurdes pour vider le camp d'ici à la fin de l’année, il reste surpeuplé. Plus de 30 000 personnes, dont une majorité de Syriens, y vivent toujours. Si la transition politique en cours devait faciliter leur retour, seuls trois convois de Syriens ont quitté le camp depuis janvier. Parmi elles, plusieurs femmes qui ont pu bénéficier d'un des convois et quitté le camp en avril 2025.   De notre envoyé spécial à Deir Ezzor, Dans une région désertique et marginalisée, toujours marquée par l’influence de Daech, Khadija, la vingtaine, écarte le drap qui lui sert de porte. À l’intérieur, le sol est humide, trois matelas, quelques ustensiles de cuisine accrochés au mur. Elle s’excuse presque d’accueillir ainsi : « Ce n’est pas une maison, c’est une étable pour les animaux. Regarde, l’hiver, il pleut ici.  Mais nous n’avons pas le choix, il faut rester là. Pourtant, c’est pire que dans le camp. » Deux garçons se tiennent aux manches élimées de son niqab. Pour les protéger, elle s’était inscrite, pleine d’espoir, sur les listes de sortie du camp d’Al Hol, prison à ciel ouvert rongée par les épidémies et la faim. Veuve d’un combattant pakistanais de Daech, tué dans une frappe de la coalition, et rejetée par sa famille, Khadija n’est plus la bienvenue à Deir Ezzor : « Personne ne nous accepte ici, lorsque l’on marche dans la rue, les gens nous pointent du doigt, ils nous appellent les kidnappeurs de Daech. Nous sommes perçues comme des terroristes qui ont massacré et détruit, mais ça fait longtemps maintenant, il faudrait pouvoir tourner la page. » Difficile d’oublier dans la région de Deir Ezzor, largement détruite par la guerre et toujours marquée par des attaques régulières de cellules de l’État islamique. Une situation désespérée, qui alimente les regrets. Dans un soupir Khadija confesse qu’au moins, dans le camp, elle était parmi les siens : « Nous souhaiterions retourner dans le camp, là-bas, nous avions une tente et personne pour nous en chasser ou nous demander un loyer, nous recevions de l’eau, du pain, des aides, ici, je dois mendier pour un sac de pain, il n’y a pas de travail. On nous a dit que les ONG nous aideraient, mais elles ne font rien. » À lire aussiSyrie: les mines menacent le retour des déplacés à Deir Ezzor « Un jour, peut-être que nous pourrons vivre une vie normale » À quelques dizaines de kilomètres de là, dans le village de Maardin, un carrefour poussiéreux au bord de l’Euphrate, un centre social tente de soutenir ces femmes. Nous y rencontrons Nour, elle aussi revenue d’Al-Hol avec ses cinq enfants : « Un jour, peut-être que nous pourrons vivre une vie normale. Vous savez, mon fils ne savait même pas ce qu’était un arbre avant de quitter le camp. Alors pour le moment, le plus important, c’est de fournir une éducation à nos enfants. Ensuite, il faut trouver un travail, parce que nous sommes veuves, et nous ne pouvons pas subvenir aux besoins des petits, qui ont trop souffert. » Pour l’heure, si les enfants sont désormais scolarisés, les résultats du centre en matière d’insertion restent mitigés. Malgré les formations pour apprendre à ouvrir un petit commerce, aucune des quinze femmes présentes ce matin n’a encore réussi à lancer son activité. Coordinateur du projet, Mohammed reste confiant :  « Le centre aide déjà beaucoup à la réintégration, cela prend simplement du temps. Au début, il peut être un peu difficile pour la communauté de s’habituer de nouveau à ces familles. Mais finalement, elles sont d’ici, ce ne sont pas des étrangers. La période de Daech a été difficile pour tout le monde, mais les mentalités changent. » Si les mentalités changent, ces femmes que nous avons rencontrées ne comprennent pas toujours l’opprobre à laquelle elles sont désormais confrontées. À lire aussiSyrie: dans la province de Deir Ezzor, la résurgence du groupe État islamique
    --------  
  • Présidentielle en République serbe de Bosnie: «Voter pour Karan c'est comme voter pour Dodik et sa politique»
    Une élection présidentielle anticipée se tient ce week-end dans la République serbe de Bosnie, l'entité serbe de ce pays toujours divisé selon des lignes ethniques. Condamné et déclaré inéligible, l'ancien président nationaliste, Milorad Dodik, ne peut pas se présenter après 19 ans de pouvoir sans partage, mais son parti présente un candidat. L'entité serbe de Bosnie pourrait tourner la page du nationalisme lors de cette élection, dont le résultat s'annonce incertain, dans un pays ravagé par la corruption et les difficultés économiques À lire aussiÀ la Une: Bosnie-Herzégovine, quel avenir pour la Republika Srpska?
    --------  
  • En Lituanie, la crainte d'un virage «illibéral» à la Orban
    Plusieurs centaines de Lituaniens défilent en ce moment sur l’avenue principale de la capitale Vilnius. Le mouvement de protestation a été initié par le monde de la culture contre la présence d’un parti radical et populiste écarté de justesse du ministère de la Culture. Le mouvement s’est élargi et les manifestants craignent désormais que la Lituanie prenne un virage illibéral. Notre correspondante à Vilnius Marielle Vitureau est allée à la rencontre des Lituaniens se préparant pour la manifestation. Derrière son petit étal, pour soutenir le mouvement, Joris vend des fanions et des T-shirts avec le symbole de la manifestation. Dans un triangle rouge qui fait penser à un panneau de la route, le mot culture tombe à l’eau. « On ment beaucoup en ce moment en politique et ça affecte la culture, le président avait dit qu’il ne nommerait pas un ministre de la Culture issu du parti Aube sur le Niémen et il n’a pas tenu parole ».  À lire aussiLituanie: Vilnius, capitale verte européenne pour l'année 2025 Depuis, le ministre a démissionné, mais le parti politique est toujours dans la coalition. C’est cette formation et son chef Remigijus Zemaitaitis qui inquiète le plus Akvile. Devant le musée où elle travaille, le même triangle rouge d’avertissement grand format accueille les visiteurs : « En plus d’être populiste, le chef de ce parti est ouvertement antisémite, pro russe, ça fait partie de leurs plans de s’immiscer dans le domaine de la culture en faisant passer des petits message soi-disant anodins, par exemple en enlevant les drapeaux de l’Ukraine dans les institutions de l’État ». Cette même personnalité politique a aussi remis en question les dépenses pour la défense, les sanctions contre la Russie et a fait de la presse son bouc émissaire. Armée de ciseaux et de peinture, Asta prépare sa pancarte : « Je vais illustrer l’expression lituanienne. Si on laisse entrer les cochons dans l’église, ils monteront sur l’autel. Nous sommes dans cette situation, si on les laisse entrer, ils vont tout saccager. Depuis le retour à l’indépendance, la Lituanie n’a pas connu de plus grand dangers ».  À lire aussiLituanie: accord de coalition malgré des inquiétudes sur un mouvement populiste Depuis l’arrivée de cette coalition au pouvoir il y a un an, les mouvements de protestation sont fréquents. Marius Eidukonis est journaliste culturel pour la radio publique : « Depuis 2022, le danger à nos portes rend la situation plus sensible et nerveuse, et quant à tout cela s’ajoute l’apparition de formations politiques douteuses, l’inquiétude grandit, il faut se défendre contre les menaces extérieures et intérieures ».  Juta est graphiste, elle a organisé l’atelier pancartes dans un lieu culturel de Vilnius. La défense, ce n’est pas uniquement les soldats. Pour elle, la culture aussi est une arme : « Le secteur culturel est un vecteur pour discuter des sujets d’actualité et échanger des idées. En ce qui concerne l’aide à l’Ukraine, le secteur culturel a été déterminant pour être le porte-parole de ce qui se passait dans le pays ». Beaucoup craignent que la Lituanie ne prenne le virage illibéral de la Hongrie ou de la Slovaquie. Le monde de la culture a été rejoint aussi par les docteurs et les agriculteurs. Tous veulent continuer de monter la garde.
    --------  

About Reportage international

Chaque jour, l’illustration vivante et concrète d’un sujet d’actualité. Ambiance, documents, témoignages, récits en situation : les reporters de RFI présents sur le terrain décrivent le monde avec leur micro. 
Podcast website
Social
v7.23.13 | © 2007-2025 radio.de GmbH
Generated: 11/23/2025 - 11:40:49 PM